Un passé de tristesse et de vengeance

Depuis la salle de commandement, je scrutais les écrans de contrôle. La planète Cimetary était en vue. Encore 5 minutes, et nous y accosterions. D’ici, la planète semblait belle, et luxuriante.
Je me remémorais les évènements qui m’avaient conduit jusqu’à cette planète. Une certaine Lady Empi avait manifesté le désir, assez vif, de m’entretenir de la disparition d’un vaisseau marchand aux abords de ma planète Sunburn, il y à de cela 10 mois. Lorsque le messager m’a remis la missive, un profond malaise c’est emparé de moi…mes fantômes ressurgissent du néant où j’ai voulu les terrer…

Sur les écrans, je voyais évoluer mes croiseurs noirs dont l’emblème, un soleil d’argent entouré de 2 croissants de lune, miroitaient les reflets flamboyant du soleil couchant. Les vaisseaux évoluaient en un ballet bien maîtrisé pour se ranger à quai. Mon croiseur amiral se rangea entre deux des 20 croiseurs d’escorte. Un comité d’accueil en grand nombre et armé se tenait en bas du quai. Quand la porte principale fut abaissée, mes gardes sortirent, faisant une haie d’honneur dans leurs armures rutilantes. Puis je descendis à mon tour.

Le commandant du port spatial était là pour m’accueillir.
« Soyez le bienvenu, Empereur. J’espère que vous avez fait bon voyage.
_Oui je vous remercie. Nous n’avons même pas eu l’aventure de croiser quelques bâtiments pirates sur notre route. Ce voyage fut tout ce qu’il y a de plus routinier.
_Vous m’en voyez ravi. Mais votre plan de vol ne donnait pas les raisons de votre venue ici. Pouvez vous me dire quelles elles sont ?
_Vous me voyez navré, commandant. Mais je ne les connais pas moi-même. Je sais juste que Lady Empi m’a demander de la rejoindre ici avec diligence. Est-elle ici ?
_Oui en effet. Venez, je vais vous faire conduire jusqu’à elle. »

Le commandant dépêcha un de ses hommes pour prévenir Lady Empi de mon arrivée. J’allais enfin rencontrer cette mystérieuse personne qui faisait remonter mon passé en moi, passé que j’aurais voulu mort à jamais. Je pénétrais dans la cour intérieure du palais.

Quand la porte s’ouvrit, je découvris devant moi cette superbe femme brune, vêtue d’une longue et élégante robe noire. Je me dis alors que j’avais bien fait de revêtir mon uniforme, plutôt que mon armure d’apparat, complexe mécanique de plus de deux tonnes. Elle avait l’air nerveuse car elle ne dit rien tout de suite. Quand à moi, je la couvrais d’un regard mi surpris, mi admirateur. Mais quand sa voix tendue me parla enfin, je me souvins pourquoi j’étais ici, et mon esprit retourna dans les ténèbres qui entouraient mes pensées.

Tandis que je lui répondais, je ne pouvais m’empêcher de penser à la concordance de nos vêtements avec la situation. Mon uniforme, noir lui aussi, était aussi strict que la robe de Lady Empi était élégante. Si j’avais vu juste, l’affaire qui nous concernait était une bien sombre et douloureuse histoire.

Mais je n’étais pas encore sur qu’il s’agisse bien de cela. En fait, je l’espérais de toute mon âme. La réponse, c’était cette femme qui la détenait. Le cœur serré, j’attendais avec une impatience mêlée de crainte ses prochaines paroles.

Lorsqu’elle me proposa quelque chose à boire, je déclinai gentiment son offre. Je sais bien que cela aurait pu détendre l’atmosphère, mais je n’aurai rien pu avaler, tant ma gorge était nouée. J’avais bien conscience qu’elle n’osait pas aborder le sujet. Alors je fis le premier pas, non sans prendre une grande respiration avant.

« Chère Empi, je dois vous avouer ma surprise. Vous me demander de venir vous entretenir de la disparition d’un de vos vaisseaux dans les territoires spatiaux de mon actuelle planète mère. Cet incident est vieux de 8 mois déjà. Et je pense qu’une commission d’enquête aurait parfaitement fait l’affaire, pour résoudre ce mystère. Et croyez moi, j’aurai aidé vos enquêteurs. »

Je m’arrêtai un instant pour laisser le temps à la jeune femme de méditer mes propos, puis je repris : « Alors pourquoi m’avoir fait venir ? La disparition d’un simple vaisseau marchand vous préoccupe-t-elle à ce point, alors que vous engagez sans doute plusieurs centaines, voire milliers de vaisseaux de combat dans des affrontements sans merci ? »

J’avais voulu mon ton dégagé et sur…mais je su tout de suite que celui trahissait mon angoisse. Les vraies questions que je me posais était : pourquoi m’imposer une telle torture ? Pourquoi en pas laisser le passé dans son linceul de haine, de souffrance et de mort ?

moi un violent accès de rage. Je dégageai vivement mes mains de celles de Lady Empi et me levai prestement. Puis je me tournais vers elle, pointant un doigt accusateur en sa direction.

« Cela suffit ! De quel droit me soupçonnez-vous de quoi que se soit ? Je ne tolèrerai pas plus longtemps vos accusations à peine voilées ! »

Je me rendis compte alors que je m’égarais. Et que j’étais injuste. Ma colère retomba doucement. Ça eût au moins le mérite de faire redescendre la pression qui me consumait à un niveau contrôlable. Je tournai la tête, tentant de retrouver une contenance.

« Je me suis emporté, et je m’en excuse. J’ignorais qu’il y avait à bord de ce vaisseau une personne qui vous était chère. »

Je marquai un arrêt. Je me devais de trouver les mots justes, tant pour ne pas la blesser d’avantage que ne pas trop en dire. Puis un élément me revint en mémoire. Alors je me tournai à nouveau vers, en lui adressant un regard suspicieux.

« Mais vous me paraissez bien informez, chère Empi, pour savoir que ce vaisseau transportait un blessé. Vous avez évoqué des documents, des rapports. Me serait-il possible de les consulter ? »

Je ne savais pas vraiment si j’avais envie ou non de vois ce que contenaient ces documents. J’avais peur de ce qu’ils pouvaient contenir. Je cherchais simplement à gagner du temps, aussi futile que cela puisse paraître.

Après avoir hésité quelques instants, je pris le porte-document en lançant un regard noir à Lady Empi. J’allais m’asseoir sur le canapé, posant les feuilles sur la table basse finement ouvragée.

« Je n’apprécie guère la manière dont vous me forcez la main, chère Lady. Mais je n’ai pas fait autant de chemin pour rien. »

Je commençais la lecture, mal à l’aise. Le premier document était un relevé radar cartographique du périple accompli par le vaisseau. Apparemment, ce document était l’étude de la boîte noire de l’appareil, tiré des archives de la FNP. Il apparaissait nettement que le vaisseau avait tout d’abord pris le chemin d’une colonie pour des raisons commerciales. Le nom de la colonie me disait quelque chose, mais ma mémoire était incomplète. Ensuite, il apparaissait que le vaisseau avait pris un cap différent de la planète où il était sensé ramener les marchandises embarquées à bord. Pas de raison de donnée.

D’après le rapport, le vaisseau avait effectué un autre changement de cap. La raison est cette fois clairement indiquée : le vaisseau voulait échapper à une escouade de chasseurs lourds l’ayant pris en chasse. La raison du choix de la planète n’est pas indiquée, mais il semblerait que l’équipage espérait y trouver une assistance. Peu après être arrivé en orbite basse de la planète, le vaisseau disparut des écrans de repérage. Aucune preuve accusant l’utilisation d’une capsule de survie. Le vaisseau, à cause de la destruction de son bouclier thermique, s’est désintégré avant même d’atteindre le sol. Seule survécut la boîte noire, encore que tellement endommagée qu’elle n’était pas entièrement exploitable.
La planète en question n’est pas mentionnée par un nom, mais par ses coordonnées. Aucun doute possible, il s’agit de ma planète mère ! Quoique…au moment des faits, je n’en étais pas encore le dirigeant, mon empire n’était même pas dans se secteur.

Le deuxième document était un rapport fait sur moi par un service de renseignement, sans doute celui de Lady Empi. En bref, ce document disait que j’appartenais à une alliance avant de disparaître de la tête de mon empire, il y a cela 9 mois. Mon empire fut repris par un autre membre de l’alliance. Autre chose, ma planète mère actuelle était la capitale de l’empire d’un autre membre de cette alliance. A la disparition de celui-ci, il y a environ 2 mois, je fus nommé par l’alliance pour continuer la gestion de ce royaume prospère. Dans le rapport, il était noté que mon activité, durant 7 mois environs, était un mystère.

Je refermais le porte-document, passablement soulagé et agacé en même temps. Je rendis le dossier à Lady Empi, et m’installai confortablement au fond du canapé.

« J’ai effectivement pris connaissance des documents en votre possession. Et je suis au regret de vous dire qu’il n’y a rien là-dedans ne puisse supporter une contre accusation. Vous n’avez aucune preuve dans tout ce dossier. Rien d’exploitable devant n’importe quel tribunal impartial, en tout cas. »

Alors que je me croyais sorti d’affaires, je me retrouvais tout à coup plus que jamais sur la défensive. Elle avait tout prévu, et je n’avais rien voulu voir. Résigné, j’ouvrai le porte-document. Il ne contenait qu’une seule feuille. Il s’agissait du relevé des discussions enregistrées sur la boîte noire de l’appareil. Le mot qui revenait le plus souvent était « inaudible ». Cependant, le document semblait important aux yeux de Lady Empi, alors j’en commençais doucement la lecture. Puis vint le passage où le vaisseau décollait de la planète où il était allé chercher les marchandises.

« Capitaine, paré…décollage… est à l’infirmerie…grave…faire de lui ? …escouade chasseurs lourds…qui est-il ? Aucune idée…aux armes !…alliés pour assistance ! … signe particulier ? oui Capitaine, il porte …blème représentant un soleil…lunes sur son armure…argent sur noir…(inaudible)… »

Lorsque je levai doucement les yeux du document, je me rendis compte que j’avais mis inconsciemment la main sur le cœur, crispée à l’endroit même où sur mon uniforme noir était agrafé un soleil d’argent entouré de 2 croissant de lune.

Comme dans un cauchemar éveillé, je tournais lentement le regard vers Lady Empi. J’aurais voulu dire quelque chose, mais aucun son ne sorti de ma bouche pétrifiée…

Je ne savais que penser. Mes angoisses me reprenaient. Des flashs, auxquels je ne comprenais rien me torturaient. Ces images de violence dont je ne comprenais pas le sens ni l’origine me hantaient depuis déjà plusieurs mois. Je résistais à l’envie de me prendre la tête dans les mains, je faisais tout pour paraître maître de moi-même. Je me relevai et fit les cents pas dans la pièce.

« Bon alors semblerais que quelqu’un de mon royaume se soit trouvé dans votre vaisseau. Admettons. Des milliers de soldats dans mon armée portent une armure noire frappée de l’emblème de mon empire. Il s’agit même des forces les plus importantes de me armées, aujourd’hui encore. Les troupes de choc sont équipées d’armures mécaniques intégrales, dotées d’armes individuelles Gauss et d’un bouclier, alimentés par une pile au deutérium. Le tout pèse dans les 2 tonnes environs. J’en possède moi-même une mais d’un modèle plus lourd. Elle pèse 3.5 tonnes, et elle est équipée d’un fusil Gauss et d’un canon à plasma. Mais me dire qu’il portait une armure de mon armée ne me dira pas qui il est ! »

Je m’arrêtai de marcher et me tournai vers Lady Empi :
« Soyez raisonnable ! Admettez que si vous n’avez pas d’autres informations, tout ceci ne nous mènera à rien. Je comprend que vous vouliez savoir enfin ce qui c’est passé pour que les familles des victimes puissent faire leur deuil, mais je ne puis vous aider. »

Je me relevais, moi aussi en proie à une vive colère. Cette femme jouait avec mes nerfs, et je ne pouvais plus le supporter. Je me levais violement et m’approchai d’une fenêtre. Mes yeux ont parcouru le paysage sans le voir. Portant ma main aux boutons de la veste de mon uniforme, je les dégrafai puis jetait ma veste sur un dossier de chaise. La colère me tenait chaud, et cela occupait mes mains qui avaient des envies de frapper, envies auxquelles je ne pouvais me résoudre à m’abandonner. Il fallait que je me calme, et vite.

« Ecoutez, vos hommes ont tenté de sauver la vie d’un de mes soldat, et ils l’ont payé de leur vie. C’est un geste héroïque, un sacrifice, que je salue et que je respecte. Malheureusement, tous ont péri dans la destruction de ce vaisseau ! Le rapport dit qu’aucune capsule n’a été utilisée, et que le vaisseau a été entièrement désintégré lors de son entrée dans l’atmosphère. Il ne subsiste rien de ce vaisseau ! Rien ni personne ! Alors pourquoi vouloir faire ressurgir du passé tous ces évènements ? »

Comme c’était la saison chaude sur Sunburn, ma planète mère, je ne portai sous ma veste qu’une chemise noire à manches courtes. Nerveusement, je passai ma main sur la cicatrice qui coupait mon avant bras droit, juste sous le coude. C’est alors que je surpris le regard de Lady Empi…

Je venais de prendre un coup de poing dans l’estomac. Ou du moins c’est l’impression que me fit cette phrase inachevée. Combien de choses encore me cachait-elle ? Ma voix se fit glacée, et je doute que mes yeux lancèrent jamais un regard aussi noir qu’à ce moment là…

« Et que l’un de vos hommes ? Vous alliez dire ? Que l’un de vos hommes a survécu à l’attaque et qu’il s’est servi d’une capsule de survie ? »

Je me tus un instant, voulant remettre toutes les choses à plat dans mon esprit choqué par ces révélations successives.

« Il est vrai que le rapport ne dit pas qu’aucune capsule n’a été utilisée, mais seulement qu’il n’existe pas de preuve que l’une d’elle l’ai été. Jolie tournure de phrase pour tromper, n’est-ce pas ? Alors comme sa, un de vos hommes au moins a survécu. A ce compte là, tout l’équipage peut aussi bien avoir survécu, sans que je n’en sache rien ! Combien de révélations encore allez-vous me sortir de votre chapeau ? »

J’observais la jeune femme assise, choquée, sur le canapé. Elle semblait ne pas arriver à défaire son regard de ma cicatrice. Cela m’irrita d’autant plus.

« Je sais que cela n’est pas très élégant, mais c’est toujours mieux que d’avoir un bras en moins. Mais je m’égard. Cela ne concerne en rien ce qui nous occupe déjà plus qu’assez. »

Empi eu un rire nerveu.

N'allez pas imaginer cela seigneur.Cette histoire vous touche bien plus que je ne le penssait mais vous le savez bien mieux que moi.

Elle avait enfin put se détacher de cette cicatrice qui avait levé bien des voiles sur des zones sombres que empi voulait éclaissir.
Elle avait un air abattu, deçu, sa voix devint fragile.[/i]

C'est donc vous. Pourquoi ne pas me l'avoir dit?Vous avez prit du plaisir a jouer avec moi?Elegant vous dite?
Et bien vous jouer très bien la comedie seigneur kryss, mais ne croyer pas que l'on me trompe aussi facilement.Comme vous l'avez si bien dit j'ai plus d'un tour dans mon sac, donc maintenant vous allez me dire la veriter de A à Z et croyez moi je ne vous laisserai pas repartir même si je doit vous retenir par n'importe quel moyen.

Je vous est peut etre caché certaines informations volontairement, mais je n'imaginait pas que vous m'en cachiez un encore plus important et si douleureux.
Je suis vraiment décu de votre reaction je vous penssait droit, juste et prés a m'aider.

Empi avait prit un air plus sevère, elle etait dégoutée, son regard faisait des aller retour entre les yeux de l'homme qui se tennait en face d'elle et la cicatrice.Elle n'avait pas du tout imaginer cette situaion.

Dite moi ce qu'il c'est passer seigneur kryss.Vous avez raison sur un point; je cherchait dans une mauvaise direction, je voulait parler a l'homme qui etait avec l'équipage mais je me rend compte que cette homme je l'est deja en face de moi.

Empi fixa le seigneur, elle cherchait dans ses yeux un petit quelque chose, une reaction cohérente.Elle esperait vraiment qu'il allait enfin accepter de parler de ce jour ou on lui avait sauvé la vie.

Je crois que cette nouvelle passe d’arme ne provoqua pas en moi la réaction attendue par Lady Empi. En fait, je pense même être resté tout à fait stoïque. En apparence du moins. Je commençai à être habitué à ces appariations soudaines de nouveaux éléments. Cette fois, je ne laissai pas transparaître mes émotions pendant que je réfléchissais.

« Par les enfers, voilà donc que ma cicatrice vous fait penser que c’était moi le passager mystérieux de ce vaisseau…J’avoue que cela ne me surprend pas outre mesure. Vous en avez déjà tant fait et tant dit…Mais sachez que cette cicatrice est due au crash de l’un de mes vaisseaux de combat à bord duquel je me trouvais. Même si je dois reconnaître que les circonstances du crash ne me sont pas claires, car j’ai malheureusement eu la mémoire partiellement endommagée par un choc cérébral. Il sera donc inutile de me poser moult questions sur cet évènement douloureux. Mais comme je sais que vous me les poserez, je vais vous devancer. Je me souviens essentiellement que je me suis réveillé dans un vaisseau hôpital, qui m’emmenait vers la capitale de mon actuelle planète mère. Le souverain de cette planète avait effectivement eu vent de mon identité et m’a donc fait rapatrier. J’ai ensuite passé une longue convalescence sur cette planète avant d’en prendre le contrôle à la mort de feu mon ami. Voilà donc l’histoire. »

En finissant de narrer ma version des faits, j’étais allé chercher ma veste et l’enfilait, sans la fermer. Au moins la jeune femme ne fixerait-elle plus ce triste souvenir gravé à jamais sur mon corps. Mais une chose me paraissait claire : elle ne s’en tiendrait pas là.

Je tentai de prendre un air détaché. Tout sa ne rimai à rien. Elle avait beau dire, elle ne possédait aucune preuve formelle que ce fut moi. Tout au plus pouvait-elle prouver que ce fut un de mes hommes. Mais mes armées en comptent des centaines de millions. Comment pourrais-je savoir de qui il s’agissait ?

« Ecoutez, je ne sais pas quelle description vous a été donnée, mais je doute qu’elle comporte des éléments irréfutables. Perdre un bras est loin d’être une chose rare sur un champ de bataille, où nombre de soldats se font tailler en pièces. Ma description n’apporte rien de probant elle non plus…je suis un homme normal ! Je ne suis ni un géant, ni un monstre ! Combien d’hommes dans mon empire correspondraient à la description physique que votre homme aurait pu faire : 1 mètre 80, brun, les yeux bleus ? J’ai, il est vrai, la particularité d’avoir des implants de neuro-contrôle à la base de la nuque. Particularité que je partage avec l’ensemble des membres de mes troupes de choc, soit quelques centaines de milliers d’hommes. »

Je m’interrompis un instant. Je en savais si je devais lui communiquer une certaine information. Dans tout mon empire, seul ce détail pouvait permettre de me reconnaître de manière absolument sûre. Je décidais de le lui donner, mais de manière incomplète.

« Ma chère Lady Empi, si vraiment c’était moi, dans ce vaisseau, que vos hommes ont sauvé et soigné, alors vous devez savoir que je porte sur mon dos un tatouage unique… »

J’attendis avec une impatience cachée mais immense qu’elle réagisse à cette information que je lui donnais…

Je cru avoir rêvé…je mis quelques instants à assimiler qu’elle connaissait avec exactitude le tatouage qui m’ornait le dos, tatouage réservé à moi seul, l’Empereur. Cela signifiait-il que ce fut moi dans ce vaisseau ? Non. Bien sûr que non. Ce n’était pas possible. Et pourtant…toutes les preuves étaient là…

C’est à ce moment que les flashs refirent leurs brutales apparitions dans mon esprit. Mais jamais je ne les avais vu si nets et si violents. Dans leur rapide défilement, je voyais un palais…non deux ! Tout deux en ruines. Partout du sang, des morts, des débris…Des mitraillages, des explosions, des hurlements de réacteurs…tout cela se mêlaient en un horrible et apocalyptique ensemble. Je ne savais si j’avais vécu ces moments ou s’ils appartenaient à mon imagination…

Puis le rythme de ces hallucinations pris soudainement de la vitesse, de la puissance. Je me pris la tête entre les mains et me mis à hurler en titubant…j’avais l’impression que ma tête allait exploser, que mes poumons allaient manquer d’air…Mes tremblement se muèrent en spasmes, mes mouvements étaient erratiques et désordonnés. Je renversai une chaise avant de tomber face conte terre.

Du moins est-ce ce que l’on m’a raconter. Je me suis réveillé dans une chambre blanche, allongé sur un lit et branché sur plusieurs appareils de contrôle. Je sais que j’ai perdu connaissance…mais je ne sais pas pourquoi. En revanche, ce que je sais, c’est que Lady Empi avait raison. Je lui cachais des choses. Mais ces choses là, moi-même je ne les savais pas…ou plus.

La présence de Lady Empi me rassura, aussi surprenant que cela puisse paraître. Je n’étais pas seul dans ces bâtiments que je ne connaissais pas. Même si, à la vue de notre entretien précédent, ce n’était pas la meilleure compagnie que l’on puisse espérer. Encore que je ne vis dans ces yeux aucune animosité qui aurait pu résulter de notre différent. Non, je ne lui en voulais pas. Au fond de moi, je savais même que je devais plutôt lui être reconnaissant. Je posais sans vraiment m’en rendre compte ma main sur la sienne, mais elle me parut brûlante. Ma main était glacée, comme le reste de mon corps. Je savais que cela était du à mon état psychique, mais je n’aurai jamais pensé qu’il pût tant se répercuter sur mon corps. Presque à regret, je retirai ma main de cette douce source de chaleur.

« Je suis désolé du triste spectacle que je vous ai offert…je ne comprend pas encore ce qu’il c’est passé. J’ai eu l’impression de sombrer dans un gouffre sans fond. Par le Soleil, que ma tête me fait mal ! »

Je passai ma main sur mon front, recouvert d’un épais bandage. J’avais du chuté plutôt lourdement pour me faire une telle bosse…Et cela n’était pas pour me rassurer. Comme si ma tête ne me posait pas assez de problème pour que j’en rajoute. Je regardai Lady Empi dans les yeux, la suppliant du regard d’être franche en répondant à la question qui me brûlait les lèvres :

« Milady, je voudrait savoir ce qu’ont dit les médecins qui m’ont ausculté. Je suis sûr, que sur votre demande, ils ont fait des tests sur ma mémoire…Quels sont les résultats ? »

Je me souviens avoir eu un sourire amer. Je n’étais pas surpris de cette réponse. En fait, je l’espérais même. Elle expliquait tant de choses ! Ainsi un pan du mystère s’ouvrait et dévoilait son lot de surprises. Je me doutais bien de qui pouvoir avoir fait une telle chose.

« La seule personne qui ai eu la possibilité de faire modifier ma mémoire n’est autre que mon défunt ami, dont la planète mère fut le lieu de destruction de votre vaisseau. Mais s’il a fait cela, c’était pour me protéger. Mais de quoi ? Je ne le sais pas encore…
Ainsi vous aviez raison, j’étais bien dans ce vaisseau. Pour quelles raisons m’y trouvais-je, blessé de surcroît ? Ma mémoire ne veut pas me livrer les réponses à ces questions. Quoi qu’il en soit, j’espère que vous êtes convaincue de ma sincérité. »

Je goûtais autant que je le pouvais la douceur chaleur qui enserrait ma main, gagnant peu à peu mon bras. Je savais que si ma mémoire avait été effacée, c’est qu’elle recelait des choses terribles. Et c’étaient ces choses là que je voulais à présent redécouvrir. Mais j’avais peur. Peur de mon propre passé. De mes propres actes.

« Je vais essayer de répondre à vos questions, autant qu’aux mienne. Mais j’aurais besoin de votre soutient…Qui sait ce que je trouverai dans mon passé, que mes amis ont jugé bon de me faire oublier ? Qui sait quelles horreurs sommeillent en mon esprit ? »

Je reposais ma tête sur l’oreiller. Je savais que les flashs reviendraient me hanter. Mais cette fois, je devais être attentifs à leurs messages. Que le Soleil me prête sa force. Il n’est jamais facile de devoir se battre contre soit même…

Sentir une main amicale sur mon front me détendit. La fièvre qui me tenait semblait se dissiper à son contact. Je me surpris à espérer que ces instants se prolongent éternellement. Après quelques minutes où j’avais fermé les yeux, sans bouger, je regardai Lady Empi.

« Milady, j’ai un service à vous demander. Faites moi rapatrier à mon croiseur amiral. Il est équipé en appareils médicaux adaptés à nos modifications cybernétiques, telles que mes implants neuronaux. A bord se trouve un ordinateur sur lequel je peux être branché. Il est capable d’enregistrer et retransmettre sur écran ce que je vois en mon esprit. Je compte l’utiliser…même si un tel appareil n’est pas totalement fiable, car l’esprit humain déforme la vérité dans ses rêves. Mais pour le moment, c’est le meilleur moyen dont je dispose. »

Je fermais à nouveau les yeux. Chaque seconde de répit avant de connaître mon passé me paraissait comme un trésor qu’il ne fallait surtout pas gâcher.